Nun komm, der Heiden Heiland - J.S. Bach

Analyse 3 choralsb

 

Marie-Virginie DELORME

Les trois chorals sur Nun komm, der Heiden Heiland (Viens maintenant, sauveur des païens) de J.S. Bach - extraits du recueil de Leipzig – forment un mini-cycle pour le temps de l’Avent, auquel répondent symétriquement, dans l’ordonnance du recueil, les trois Gloria de Noël. Ces chorals démontrent l’intérêt  que Bach portait à la liturgie, et sa volonté de mettre son art au service du culte luthérien. Il existe des versions antérieures de ces chorals, remontant à l’époque de Weimar (c’est à dire dans les années 1708 à 1717), mais les dernières versions que nous allons analyser datent des derniers mois de la vie du compositeur, entre 1749 et 1750, et les corrections qu’il apporte aux œuvres déjà existantes sont des points de détails particulièrement éclairants.

On peut retrouver dans le texte musical un bon nombre de figures rhétoriques propres au langage musical de l’époque baroque. La terminologie de ces figures s’est élaborée progressivement entre la fin du XVIe s. et le début du XVIIIe s. siècle, dans de nombreux traités dont les plus célèbres sont :

  • Musica Poetica de Joachim Burmeister, en 1606
  • Der Volkommene Kapellmeister de Johann Mattheson, théoricien et compositeur contemporain de Bach.

Cette terminologie se base sur une analogie du langage musical avec l’art oratoire, et les premières figures théorisées sont directement issues des ouvrages de l’antiquité grecque et romaine (de Aristote, Ciceron et Quintilien en particulier).

Cette musica poetica ne se réduit pas à un catalogue de procédés musicaux, mais donne véritablement corps et signification au langage, et si l’on veut rentrer au cœur des chorals de Bach, cette lecture s’impose, en regard avec des notions théologiques. [...]

Bach, dans ses trois chorals - comme dans tous ses chorals qui constituent les deux tiers de son œuvre d’orgue - ne fait pas autre chose que d’exprimer sa foi personnelle, et de traduire en d’autres mots la prédication du pasteur, afin de la rendre plus sensible. En effet, une église luthérienne est très sobre dans sa décoration, et l’accent est mis sur la prédication orale et son écho musical, faisant du pasteur et de l’organiste les principaux acteurs de la liturgie. Leurs relations se trouvent clairement symbolisées dans la gravure de l’orgue de l’église St Pierre à Leipzig, sur laquelle on observe la place de la chaire du prédicateur à l’exact aplomb de la console.

Analyse des trois chorals sur Nun komm, der heiden Heiland de J.S. Bach

 Mémoire de CFEM d'analyse - CRR de Montpellier, 45 pages, 2000